- chiffonnier
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• 1640; de chiffonI ♦ Personne qui ramasse les vieux chiffons pour les vendre. ⇒arg. biffin. La hotte, le crochet du chiffonnier. — Loc. Se disputer, se battre comme des chiffonniers, sans retenue, bruyamment. II ♦ N. m. Petit meuble haut, à nombreux tiroirs superposés.chiffonnier, èren.d1./d Personne qui ramasse les chiffons, les vieux papiers, la ferraille; personne qui en fait commerce.d2./d n. m. Petit meuble à tiroirs haut et étroit.I.⇒CHIFFONNIER1, IÈRE, subst.A.— Personne qui fait le commerce de vieux chiffons, de vieux objets, achetés ou ramassés dans les rues. Une chiffonnière avec sa hotte et son crochet (HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 298). L'éreintement des chiffonniers fourbus qui picotent l'ordure ou charrient des sacs (HUYSMANS, L'Art mod., 1883, p. 121) :• 1. J'suis marchand de chiffons, tu sais, dit-il, chiffonnier, pour mieux dire, mais tant qu'à moi, je l'suis en gros; j'achète aux petits chiffonniers d'la rue, et j'ai un magasin — un grenier, quoi! — qui m'sert de dépôt. J'fais tout l'chiffon, à dater du linge jusqu'à la boîte de conserves, mais principalement le manche de brosse, le sac et la savate; ...BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 203.— Loc. Être vêtu comme un chiffonnier. Être mal habillé. Se battre, se disputer comme des chiffonniers. Se quereller de manière violente et bruyante. Ils se sont battus comme des chiffonniers pendant longtemps (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 221).Rem. On relève un emploi adj. de chiffonnier avec le sens de « qui a les traits d'un homme vêtu comme un chiffonnier ». Les maisons (...) tendent leurs faces chiffonnières (FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 9).B.— P. métaph. :• 2. ... Paris élève au loin sa voixNoir chiffonnier qui dans sa hottePorte le sombre tas des rois.HUGO, Les Chansons des rues et des bois, 1865, p. 97.— En partic. Homme de lettres de bas étage, qui collectionne et diffuse des faits, des nouvelles hétéroclites, sans intérêt et souvent sans fondement. Les folliculaires, les pamphlétaires, les chiffonniers et les académiciens (CHATEAUBRIAND, La Liberté de la presse, 1822-28, p. 145) :• 3. ... quelles que soient les certitudes intuitives qui s'imposent irrésistiblement à l'esprit, quelle sollicitation des faits n'est-elle pas nécessaire pour bâtir avec une apparence de solidité! dans un ouvrage ingénieux et brillant, C. Hentze doit se faire le chiffonnier de l'américanisme, amassant ses preuves comme des bribes recueillies des cultures les plus diverses, et montant en épingle des détails parfois insignifiants.C. LEVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 270.Prononc. et Orth. :[
], fém. [-
]. Ds Ac. 1694-1932. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. chifonier. Étymol. et Hist. 1. 1640 chiffonnier « personne qui ramasse les chiffons » (OUDIN, Recherches ital. et françoises, s.v. stracciaruolo); 1680 chiffonnière (RICH.); 2. 1745 chiffonnière « celle qui colporte les nouvelles » (MARIVAUX, Marianne, 79 ds IGLF); 1752 chiffonnier (Trév.). Dér. de chiffon; suff. -ier, -ière.
II.⇒CHIFFONNIER2, IÈRE, subst.AMEUBL. Petit meuble à tiroirs superposés dans lequel on range de menus objets, tels que chiffons (cf. chiffon A 2 c), travaux d'aiguille, papiers, bijoux, etc. La vieille chiffonnière en bois de rose (ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, p. 23) :• J'avais caché tes lettres dans le chiffonnier où sont mes bijoux.A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 284.Rem. Parmi les dict. de l'Ac. seuls Ac. Compl. 1842 et Ac. 1878 attestent la forme féminine. LITTRÉ note que chiffonnière au fém. est ,,beaucoup moins usité`` et DG l'atteste comme ,,vieilli``. HAVARD t. 1 1887 apporte la précision suiv. : ,,la différence principale à établir entre eux [le chiffonnier et la chiffonnière], c'est que le chiffonnier, haut généralement de 1 m 40 à 1 m 60, offre, comme taille et comme aspect, certaines analogies avec un secrétaire. La chiffonnière, beaucoup plus mignonne, ressemble plutôt à une petite commode, parfois même à un petit bureau``.Prononc. et Orth. :[], fém. [-
]. Ds Ac. 1835-1932 (subst. masc. et en 1878, masc. et fém.). Étymol. et Hist. 1. 1759 chiffonnière (RICH.); 2. 1800 chiffonnier (BOISTE). Dér. de chiffon; suff. -ier, ière.
STAT. — Chiffonnier1 et 2. Fréq. abs. littér. :272. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 139, b) 889; XXe s. : a) 339, b) 357.chiffonnier, ière [ʃifɔnje, jɛʀ] n.ÉTYM. 1640; de chiffon.❖———I N.1 Personne qui ramasse les vieux chiffons pour les vendre (⇒ Biffin, chineur, et aussi 3. biffe, 2. chine). || La hotte, le crochet traditionnels du chiffonnier.1 Un comptoir immense partage en deux la salle, et sept ou huit chiffonnières, habituées de l'endroit, font tapisserie sur un banc opposé au comptoir (…) Mon compagnon m'avertit qu'il fallait payer une tournée aux chiffonnières pour se faire un parti dans l'établissement en cas de dispute.Nerval, les Nuits d'Octobre.2 Les chiffonniers de l'Abbé Pierre surgissaient alors, sollicitant la charité dans un climat persuasif de hold-up.A. Blondin, Monsieur Jadis, p. 74.➪ tableau Noms de métiers.2 Par compar. ☑ Se disputer, se battre comme des chiffonniers, d'une manière âpre et bruyante. — ☑ Vêtu comme un chiffonnier : fripé, sale. ⇒ Vagabond.———II1 N. m. (1800; chiffonnière, 1759). Meuble haut, à nombreux tiroirs superposés, servant aux femmes pour serrer leurs « chiffons » (5.), les travaux d'aiguille, des bijoux, des papiers. ⇒ Commode. || Chiffonnier à sept tiroirs. ⇒ Semainier.2 N. f. Petit meuble de dame, à tiroirs (moins haut que le chiffonnier; → ci-dessus).3 Je savais (…) qu'elle ne quittait jamais sa mère; — qu'elle travaillait habituellement près d'elle, à la même chiffonnière, dans l'embrasure de cette salle à manger, qui leur servait de salon.Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le rideau cramoisi ».
Encyclopédie Universelle. 2012.